[4ème atelier] Sur les traces de la trace

Organisé par Sandie Attia (attachée temporaire d’enseignement et de recherche, Université du Maine), Nathalie Le Bouëdec (maîtresse de conférences, Université de Bourgogne), Ingrid Streble (attachée temporaire d’enseignement et de recherche, Université de Limoges), Alice Volkwein (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)

Il a pu avoir lieu grâce au soutien de l’UFA, de l’OFAJ, du CIERA, des universités Sorbonne Nouvelle – Paris 3, Paris-Sorbonne (Paris IV) et Paris 8 – Vincennes-Saint-Denis.

27 et 28 novembre 2009, à la Maison Heinrich Heine, Paris

Retrouvez le programme ici.

L’emploi fréquent et souvent irréfléchi du mot trace dans la langue courante, mais aussi dans le domaine artistique et dans différents champs scientifiques, lui confère une apparente simplicité derrière laquelle se cache pourtant une « complexité inattendue » (Berthet).

Qu’est-ce qu’une trace ? Qu’entend-on par trace par opposition à empreinte, signe, symptôme ou indice? Quelles sont ses caractéristiques, comment fonctionne-t-elle et comment est-elle traitée? C’est à ces interrogations autour du concept de trace que sera consacré le 4ème atelier interdisciplinaire pour jeunes chercheurs organisé par le Groupe Interdisciplinaire de Recherche Allemagne France (GIRAF-IFFD) à l’automne 2009 à Paris.

Involontaire par définition (on laisse une trace derrière soi), la trace nous renvoie tout d’abord au passé, elle est « présence subsistante d’un reste » (Derrida). Figure de l’absence, une trace ne reproduit cependant pas le passé à l’identique, elle n’en permet qu’une reconstruction dépendant autant de celui qui la trouve et l’interprète que de son auteur (Krämer). Car n’est trace que ce qui est lu comme tel : c’est sa découverte qui la constitue. Ainsi, la trace apparaît comme le lieu d’un croisement entre passé et présent, là où le passé travaille le présent et où le présent fait signe vers le passé. Mais la trace est aussi jalon préparant l’avenir (Bloch) ; l’art de la divination relève lui aussi d’une lecture de la trace.

La trace s’affirme ainsi comme une notion complexe qui se distingue de l’empreinte non seulement par son côté involontaire mais aussi par son hétéronomie, sa polysémie et son « interprétativité » (Krämer). Néanmoins, s’il n’est de trace que révélée, la trace ne relève pas seulement du domaine de la représentation. Contrairement au signe ou à l’indice, deux notions construites pour expliquer le monde, la trace est un objet du monde. Elle n’est trace que dans et par sa matérialité.

Passive, la trace est la figure de l’action qui l’a créée tout en étant dépendante d’une autre action qui la révèle. D’où la nécessité de s’interroger sur le rapport à la trace. Une trace est effaçable ou n’est pas (Derrida). Le rapport à la trace interroge ainsi le rapport au passé, mais aussi le rapport au corps (analyse des « traces du corps ») et à l’identité (« trace d’une hétérogénéité constitutive du sujet », Toumson) au sein d’une société donnée. Or notre époque apparaît à bien des égards comme une époque de la trace, autant par l’importance accordée à la mémoire et aux traces du passé (en histoire ou en urbanisme) que par l’incroyable multiplication des traces rendue possible par les nouvelles technologies (internet, décodage de l’ADN, analyses biométriques, etc.). Le passage de la trace à la traçabilité implique dès lors de nouvelles questions d’ordre politique, éthique et sécuritaire sur l’utilisation de ces traces. Cette évolution soulève d’ailleurs le problème du bon usage du terme de trace lorsque celle-ci devient en partie volontaire, du moins consciente pour son auteur.

Il s’agira enfin de se pencher sur la lecture des traces comme production de savoir. Du savoir archaïque du chasseur interprétant les traces laissées par les animaux à la notion de « paradigme indiciaire » (Ginzburg) propre aux sciences humaines, en passant par une (anti)métaphysique de la trace (de Platon à Derrida), on interrogera ainsi le statut épistémologique de la notion de trace.

Atelier interdisciplinaire : philosophie, psychologie, sociologie, histoire, archéologie, histoire de l’art, photographie, urbanisme, géographie, littérature, linguistique, informatique, science naturelles et techniques, criminologie, droit, sciences politiques, etc. (liste non exhaustive)